lundi 30 juillet 2012

L'image critique



En mars 2011 dans le quotidien "Le Monde" photographie et texte témoignent de la guerre en Lybie. Jérôme Delay ou Olivier Jobard livrent photo et commentaires qui relatent la situation. Je ne peux m'empêcher de chercher à reconnaître l'image dans le texte. Mais le texte ne décrit pas l'image, il élargit en quelque sorte le champ. Le photographe témoigne. Ce qui s'est passé un peu avant, les conditions de la prise de vue, les évènements qui ont conduit à l'instant de la photo, ce qui plus tard est encore en rapport avec la photo prise. Beaucoup d'autres choses dans le texte auraient pu être (ont dû être) photographiées. La photo, dans le texte, tient en une phrase ou deux :
- L'exercice est clair : nous devons photographier la liesse populaire et l'euphorie de la victoire. Pas la mosquée au minaret arraché, pas les immeubles éventrés, pas l'hôtel explosé.
- Sur le chemin, dans le labyrinthe des ruelles de la médina, un marchand de tabac vend des cigarettes américaines sous le regard omniprésent du colonel Mouammar Kadhafi.
- Je visite quelques salles de classe. La première, où se tient un cours de biologie, compte bien une vingtaine d'élèves, mais ce n'est pas le cas des autres.

Sauf la première image, que je ne retrouve pas dans le texte. Peut-être : Ce qui reste du pouvoir... mais alors ici l'image est franchement un commentaire du texte. Elle ouvre une dimension critique. Un trouble. Pas de carcasses de voitures, ni d'enfants habillés en vert. L'ossature d'un panneaux publicitaire détruit, frêle et abandonné : un front actif.

Il faut que la photographie entre dans la dimension critique du texte.

Ce jour-là, Willis Ronis, Mercure de France, 2006

Dans ce livre, Willy Ronis décrit les conditions dans lesquelles il a pris ces 52 photographies et évoque les souvenirs qui s'y rattachent.

samedi 14 juillet 2012

What in our minds is a Guernica

Faire ce qui à nos yeux est un Guernica, à partir d'outils tels une Bolex détraquée, une Mitchell à 25 $ dénichée dans un surplus de l'armée et beaucoup d'énergie, de non conformisme et d'impatience.

We Can't Go Home Again, Nicholas Ray, 1971

Créé collectivement au sein de la classe de cinéma de Nicholas Ray à l'Université d'État de New York à Binghamton et joué par Nicholas Ray et ses étudiants, le film essaie de faire au moins cinq choses distinctes en même temps: (1) décrire les conditions et les ramifications de la réalisation du film lui-même, d'observations faites à la table de montage jusqu'à toutes sortes de facteurs périphériques (par exemple, une étudiante devenant prostituée à mi-temps pour se procurer l'argent nécessaire au film); (2) explorer l'aliénation politique à laquelle étaient confrontés beaucoup de jeunes Américains de la fin des années 1960 et du début des années 1970; (3) démystifier l'image de Nicholas Ray metteur en scène hollywoodien, tant pour ses étudiants que pour le public; (4) impliquer la vie privée et la personnalité de Ray et de ses étudiants dans tout ce qui précéde; et (5) intègrer ces préoccupations à une forme radicale qui permette au public de les considérer sous plusieurs aspects simultanément. Ainsi, durant la plus grande partie des deux heures de film, six images différentes sont projetées ensemble sur l'écran; des séquences tournées en super-8 et en 16 millimètres se juxtaposent sur fond de 35 millimètres (avec l'aide d'un synthétiseur vidéo) en une unique fresque grouillante.

Davantage sur le film "We Can't Go Home Again" de Nicholas Ray :
1 et 2
Susan Ray parle du film : 3
Nicholas Ray a choisi la même approche en roue libre, risquée de l'enseignement ... Plutôt que de faire cours aux étudiants, il les a embauchés pour faire un film, qui est devenu We Can’t Go Home Again. Sa philosophie était qu'ils apprendraient en faisant.

Tournage du film Xabreguense à Lisbonne, janvier 2012
Atelier de Recherche "Pas de repos pour les braves", Ecole Supérieure d'Arts de Toulouse