vendredi 8 décembre 2017

Trois maisons converties

Stephen Pippin, Self-Portrait Made Using a House Converted into a Pinhole Camera, 1986
Gordon Matta Clark, Splitting, 1974
Buster Keaton, Steamboat Bill Jr., 1928
Voici finalement trois manières de faire tomber les façades ! 
Manières élégantes de résoudre le paradigme intérieur/extérieur par le truchement de la photographie. Chacune de ces maisons photographiques se réfère à une construction dans la réalité sur laquelle l'artiste est intervenu. Steven Pippin fait un trou pour transformer le bâtiment en sténopé, Gordon Matta Clark trace une ligne qui fend en deux l'habitation et Buster Keaton découpe un plan qui pivote précisément dans l'espace. Chaque manière de "rentrer" dans le bâtiment, sans bouger, nécessite un bon calcul : du temps d'exposition, du montage des point de vues, de la cascade-cadrage.

Si on dit ici que la maison est devenue l'appareil photographique, comment entendre ce passage de Vilém Flusser : "L'appareil photo n'est pas un outil, mais un jouet et le photographe n'est pas un travailleur, mais un joueur : non pas "homo faber" mais "homo ludens". La seule différence est que le photographe ne joue pas avec son appareil, mais contre lui. Il s'insinue dans son appareil pour mettre en lumière les intrigues qui s'y trament. Le photographe est à l'intérieur de son appareil, il lui est lié d'une autre façon que l'artisan entouré de ses outils et que le travailleur à sa machine. Voilà une fonction d'un nouveau genre, où l'homme n'est ni constante, ni variable, mais où l'homme et l'appareil se confondent pour ne faire plus qu'un. Aussi pouvons-nous qualifier le photographe de fonctionnaire." ?

Vilém Flusser, Pour une philosophie de la photographie, Circé, 1996

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